Football en péril en Italie

Au lendemain d’une journée de violence terrible en Italie à cause du football, les plus hautes instances de l’état s’interrogent sur une suspension éventuelle de tous les matches.



Le football vit-il ses dernières heures en Italie ? A côté de ce qui se déroule actuellement, l’affaire des matches truqués en 2006 apparaît comme une petite bêtise sans importance. Car aujourd’hui, c’est l’essence même du football qui est menacée de l’autre côté des Alpes. Après de très graves incidents dimanche entre ultras et forces de police, issus du décès d’un supporter de la Lazio dans la matinée, tué par un agent, le calme est revenu dans les rues et dans les stades. Mais pas dans les bureaux du ministère des Sports. En réunion avec les présidents des divers organismes régissant le football italien, la Ministre Giovanna Melandri n’a pas écarté l’idée de tout arrêter : «Nous étudions actuellement la possibilité de suspendre les championnats pour les prochaines semaines», a ainsi déclaré la représentante du gouvernement italien.

Des premières mesures
En février dernier, suite à la mort d’un policier, tué au milieu d’affrontements entre supporters de Catane et de Palerme, cette éventualité avait déjà été évoquée. Au final, les autorités avaient opté pour une autre solution : accélérer la modernisation de la sécurité autour des stades, en forçant les clubs à jouer à huis-clos jusqu’à ce que tout soit terminé. Cette réforme avait été appliquée en un temps record par tous les clubs professionnels italiens, le spectre de stades vides et de déficits monstres accélérant miraculeusement l’avancée des travaux. Mais s’il a permis d’améliorer la sécurité autour des matches, ce changement n’a eu aucun effet sur la mentalité des tifosi. L’Observatoire pour les manifestations sportives en Italie, né en février dernier, et dont le but est de contrôler les actes de violence, est donc monté au créneau pour proposer une solution un peu moins radicale que celle prônée par la ministre, mais qui ne répond pas à tous les problèmes : d’ici le 1er mars 2008, tous les stades de plus de 7500 places devront disposer de stewards sélectionnés et formés de manière adéquate, sans quoi le Préfet fera jouer les rencontres à huis-clos. Les transferts de masse des groupes de supporters les plus violents seront également interdits. Deux mesures qui font avancer les choses, mais sont loin de résoudre le problème de la violence liée au football.

L’Italie divisée
En Italie, les avis sont donc partagés par rapport à l’arrêt pur et simple des compétitions, qui sont finalement à la racine de tout le mal. Si certains souhaitent tout arrêter jusqu’à ce qu’on trouve une vraie solution à la crise, d’autres veulent continuer coûte que coûte. Roberto Donadoni, sélectionneur national, est partagé entre les deux options : «Si nous nous arrêtons pour trois mois, est-ce que nous avons la certitude que tout soit résolu et qu'on recommence sans risques ? Cette certitude, nous ne nous l'avons pas. Autrement, je signerais tout de suite», a affirmé l’ancien milieu de terrain à la Gazzetta dello Sport. Enrico Preziosi, le Président du Genoa, est beaucoup plus radical : «Je serais enclin à suspendre le championnat tant que rien ne change. Deux, trois mois d’arrêt, pour qu'on puisse rendre au football sa vraie réalité». Stop ou encore ? La décision sera prise dans les prochains jours. En tout cas, la journée de Serie B prévue ce week-end a été annulée.